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Nervesa et Nenad

Réfugiée politique Bosniac, en france depuis 1997, la famille Osmanovic était menacée d’expulsion par l’administration Française. Après deux années d’angoises et de médiatisations, ils ont finalement été régularisés.
Merci à tous, pour votre soutien...

Une question de dignité

Parmi les familles menacées par la "circulaire de Sarkozy", les ROMs font partie des populations les plus fragilisées. Ils semblent être les candidats ordinaires de la reconduite aux frontières. Pour eux comme pour beaucoup d’autres personnes menacées d’expulsion, le retour au pays est synonyme de grande violence.

Le cas de la famille Osmanovic de part leur parcours, nous a semblé représentatif de ce groupe.

Vous découvrirez ci dessous leur histoire dans une lettre ouverte envoyée comme une bouteille à la mer sur internet et qui donnera lieu à un réseau de solidarité hors du commun. (Leur situation à ce jour s’est nettement améliorée).
Un lettre officielle à également été envoyée à tous les députés, maires et préfets de région.
Nous découvrirons ici, petit à petit, leur parcours depuis le soutien apporté par le réseau RESF en juin 2006 et l’engagement d’Eléonore van den Bogart leur marraine citoyenne.

Photos Vincent Lucas

Voici la première correspondance.
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Lettre ouverte, le 21 novembre 2006
par Eléonore van den Bogart Marraine de la famille Osmanovic depuis le 24 juin 2006.
Réseau RESF Marseille

Bonjour à tous,

En juin dernier, je suis devenue la marraine d’une famille de sans papiers arrivée en France il y a 8 ans.

En 1997, Nervesa la maman, Nenad le père et leur petite fille âgée alors de trois ans fuient la Bosnie Herzégovine en guerre. Leur famille a été massacrée, leur maison réquisitionnée. Nervesa était alors propriétaire d’un commerce d’artisanat. Nenad, musicien, jouait dans une fanfare locale et dans divers orchestres. Lorsqu’ils arrivent en France en 1998, ils sont épuisés et malades.

Ils font une demande d’asile politique et dans l’attente d’une réponse, on les autorise à louer un petit appartement qu’ils obtiennent par l’intermédiaire de HABITAT PLURIEL un organisme spécialisé pour l’accueil de demandeurs d’asile. Ils gagnent un peu d’argent, lui en tant que musicien, elle en tant qu’aide ménagère. Depuis, bien que non régularisés et au seuil de la pauvreté, dans l’attente d’une reconnaissance, ils se sentent toutefois un peu sécurisés. Leurs enfants, nés en France, sont tour à tour scolarisés à Marseille. Le petit dernier, Victor, âgé de 6 mois est né avec un lourd handicap. Il fait l’objet de soins médicaux quasi journaliers et doit être opérer.

Tout à coup, la circulaire de Mr Sarkozy précipite les choses.
En moins d’un mois, alors qu’ils payent leur loyer, ils sont expulsés de leur appartement avec leurs enfants. Ils venaient pourtant de déposer avec mon aide leur dossier de demande de régularisation puisqu’ils entrent en tout point dans les critères énoncés par Mr Sarkozy.

Depuis, on leur a prété un vieux camping-car de 4 m2 sans eau ni chauffage, qu’ils garent, le jour sur le parking du parc François Billou dans le 15 eme arrondissement de Marseille et la nuit sous l’autoroute Nord. Il y a quelques jours, Nervesa avait mis sous la caravane les baskets des enfants pour les aérer pendant la nuit, au matin elles avaient toutes disparues et les enfants, pieds nus, n’ont pas pu aller à l’école. Elle m’a confié : « je pensais être arrivée au plus bas de la misère et je réalise que je peux descendre encore ».

J’admire cette mère, pour sa dignité et sa force. J’aime ces personnes et je refuse ce fonctionnement inique basé sur le sacrifice de vies déjà fragilisées.

Aujourd’hui, suite au refus de leur dossier, ils sont censés quitter le territoire. Pour aller où ?

Nous avons fait appel pour un premier recours et attendons une réponse. J’ai obtenu une lettre des médecins qui suivent le bébé. Il doit se faire opérer dans environ un an. Pour l’instant, je cherche un moyen quelconque pour les loger avant qu’il ne fasse trop froid. Un squat chauffé même, serait éventuellement le bienvenu.

Une question de dignité.

Toutes propositions, dons, offres, idées de votre part est la bienvenue. Le cas échéant, vous pouvez toujours faire circuler cette lettre au plus grand nombre car je crois sincèrement à ce vieil adage : "L’union fait la force", admirablement représenté par RESF et tous les gens qui y collaborent.

Je vous joins la lettre que j’adresse aux députés de Marseille.
Bien à vous tous
Merci
Eléonore
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