Le village des facteurs d'images

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Hamburger frites

MAC RENARD
(extrait de REVOL VERS, La gouttière, 2001)

Sous le masque d’un clown, en habit de mystère,
Posté sur sa bicoque au milieu du chemin,
Il arrose de coke et caresse les mains.
Sa garderie-saloon a envahi la Terre.

Dans l’éclat des cadeaux, des jeux et des paillettes,
Le comique Ronald affiche un lieu de fête
Et se prend pour Donald alors qu’il est en fait
Employeur des ados, maquereau des fillettes.

Ordonnant son labeur aux doigts intérimaires
Engraissant ses gobeurs de recettes sommaires,
Il poursuit dans la pub sa croisade et sa guerre

Pour un monde moulé au calibre des frites,
Les cultures foulées, dans la langue du rite,
Sous le poisson en cube, ô marin fishburger !

Y.Y.

MAC FOX
(traduction de MAC RENARD, extraite de REBELLION AND REVOLT, La gouttière, 2002)

Under a clown’s mask, cloaked in mystery
Stationed on his shack at an intersection
Boozing it up on coke and stroking hands
His saloon-style nursery has invaded earth

In the glitter of presents, games and spangles,
Ronald the comic advertises a festive place
And takes himself for Donald when in fact he is
An employer of youth, exploiter of young girls

Ordering out toil to provisional hands
Fattening his gobblers of summary takings
He pursues in his ads his crusade and his war

For a world moulded to the size of French fries
Culture in another’s wake, in the language of ritual
Beneath the fish fingers, oh fishburger sailor !

Y.Y.

AMER HIC
(extrait de REVOL VERS, La gouttière, 2001)

Vendre n’importe quoi et à n’importe qui,
Depuis les Iroquois qu’on soûlait de whisky,
Vendre sur la jachère des bétonnées campagnes,
Mais vendre pierre et chair aux visiteurs du bagne ;

Vendre les ballons blancs de l’enfant de Saigon,
Cadences redoublant au gré des harpagons ;
Vendre le poulet mort, le cadavre chimique
Elevé sans remords en camps agronomiques ;

Vendre enfin les nuages puis aller à son heure
S’enivrer du mirage, ô merveilleux bonheur :
Acheter, consommer le cola et mille œuvres !
A son tour assommé, avaler ses couleuvres.

Y.Y.

COCA-COLIQUE
(extrait de REVOL VERS, La gouttière, 2001)

Du cinéma traqué au stade analphabète,
De la pub étriquée – pirate – à la trompette
Montrant la collation du frais pétrole à bulles,
La manipulation poursuit les somnambules.

La colature au brun calorique sirop
Répand mousse et embruns sur les rêves muraux
Mais, dans la parodie, pas de rots, flatulences,
Le cocasse collage élude la balance.

Le grand Coca colère et planche sur le cas
D’un concurrent colaire osant, indélicat,
Passer outre sa poigne en pepsant dans ses verres,
Au pays de cocagne et dans son univers.

Pourtant la Company a des ponts anonymes
Trafiquant la bannie et coûteuse homonyme :
Coca et C.I.A. font toujours bon ménage,
Qu’importent guérillas et morbides villages.

L’Europe a, elle aussi, ses coca-collabos,
Remplissant leur vessie comme on tient un flambeau,
Fiers, avalant le gaz au logo que voilà…
Que caprice se passe, en cocarde au cola !

Y.Y.