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livre de Serge Halimi. Lire quelques extraits
Les nouveaux chiens de garde
Serge Halimi
P 11 - Le « contre-pouvoir » s’est assoupi avant de se retourner contre ceux qu’il devait servir. Pour servir ceux qu’il devait surveiller. La chose devient assez connue, la loi du silence révolue. Mais rien ne change. Est-ce alors la profondeur de la déchirure sociale qui rend insupportable le bourdonnement satisfait de nos grands éditorialistes ?
P 12 - PPDA a avoué un jour le sens de sa mission : « Nous sommes là pour donner une image lisse du monde ». Lisse, mais surtout conforme aux intérêts d’une classe sociale.
P 13 - Coincé entre son propriétaire, son rédacteur en chef, son audimat, sa précarité, sa concurrence et ses complicités croisées, le journaliste de base n’a guère d’autonomie.
P 14 - Le consensus « humanitaire » a la même utilité que les « débats » entre journalistes. Ils brassent du vent pour détourner l’orage.
P 15 - Un journaliste dispose dorénavant d’à peine plus de pouvoir sur l’information qu’une caisssière de supermarché sur la stratégie commerciale de son employeur. (...) On se rêvait l’héritier de Bb Woodward, on est le tâcheron de Martin Bouygues.
P 145 - Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé : « Il y a vingt, ils déjeunaient avec nous dans les cafés. Aujourd’hui, ils dînent avec des industriels. » En ne rencontrant que des « décideurs », en se dévoyant dans une société de cour et d’argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journaliste s’est enfermé dans une classe et dans une caste.