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Les Universités Populaires en France, un peu d’histoire
Le concept d’Université Populaire est déjà ancien et il a sensiblement évolué au fil du temps. On peut rappeler cette histoire en passant par trois étapes successives.
Les premières Universités Populaires françaises — Elles ont été créées vers la fin du 19ème siècle, à l’époque de l’Affaire Dreyfus. On pouvait s’inquiéter alors de la dégradation des conditions du débat public et de la dilution du socle essentiel de la démocratie - à savoir, la cohésion du peuple et sa capacité cognitive à exercer sa souveraineté par l’expression d’un opinion raisonnable et raisonnée (pour ne pas dire rationnelle). Les cours délivrés bénévolement dans ces premières UP par de nombreux professeurs et intellectuels engagés avaient donc pour but de contribuer à améliorer les capacités de jugement critique de la « classe ouvrière » et à œuvrer ainsi pour la réalisation de l’idéal démocratique. Après avoir connu un fulgurant succès jusqu’à la première guerre mondiale, ces premières expériences ont peu à peu été confrontées à des difficultés diverses, qui les ont amenées à disparaître ou à se transformer substantiellement…
Une seconde génération d’Universités Populaires — Au fil du 20ème siècle, des formes différentes d’Universités « populaires » sont apparues — ex nihilo, mais aussi parfois du fait de l’évolution des UP de première génération. En général, ces UP de 2ème génération commercialisent des prestations de formation et proposent en quelque sorte un « service » à destination de « consommateurs de loisirs » que nous sommes souvent devenus… En bref, si l’appellation « Université Populaire » est parfois reprise ou conservée telle quelle, on s’écarte nettement du projet politique fondateur des premières UP du 19ème siècle.
La renaissance des Universités Populaires — En ce début de 21ème siècle, une 3ème génération d’UP voit le jour en France. Elle se donne pour mission de démocratiser la culture et les savoirs et de les dispenser gratuitement au plus grand nombre. Elle reprend ainsi l’esprit de la première génération d’UP (mais le contexte étant différent, elle n’en est pas la reproduction exacte), tout en se distinguant assez nettement de la seconde. En effet, ces UP de 3ème génération ne proposent pas un « produit » ou un « service » payant, elles se veulent plutôt engagées, hors du marché et des relations monétaires. Elles sont fondées sur des principes et des projets d’amélioration de la vie démocratique, et surtout totalement gratuites. Elles relèvent donc d’une démarche politique - au sens noble et citoyen du terme - et non pas économique ou commerciale. Dans ces nouvelles UP, la culture et les savoirs sont d’abord appréhendés comme des éléments essentiels à la construction de soi et au fonctionnement normal d’une démocratie digne de ce nom, mais pas comme un facteur de distinction sociale ou de réussite scolaire.