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Après les documentaires Whos Counting de Marilyn Waring et le Bien commun de Carole Poliquin, le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, nous donne une grille de lecture défragmentée des effets de la mondialisation Ultra-libérale.
Après avoir vu ces films, nul ne pourra ignorer le fait que, sous couvert d’une donnée comptable cynique dite PIB*, ne sont pas pris en compte le bien être des individus et de la terre.
Cet oubli volontaire de nos dirigeants et des industriels opérants ça et là, entraîne progressivement l’humanité tout entière à sa perte...
note* : Censé préciser l’état de la richesse d’un pays, le PIB mesure en fait toutes les activités finacières réalisées dans un pays, qu’elles soient utiles, parfaitement inutiles ou nocives.
Photos et texte Vincent LUCA.S
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le cauchemar de Darwin, dissèque la société qui s’est développée autour de ce lac et la région devenue totalement dépendante de l’exploitation de la Perche du Nil :
est-ce le poisson, où l’Europe, avec ses belles politiques, qui a englouti toutes les autres activités qui existaient ?
Hubert Sauper, tel un scientifique, expose l’exode des fermiers obligés de quitter leurs terres en laissant femme et enfants derrière pour se faire pêcheurs au bord du lac. Il expose la réussite éphémère des usines qui exploitent la pêche, là ou le poisson est préparé au goût de son prédateur européen, ce qui en rend le prix prohibitif pour les pêcheurs.
Il expose le devenir des « restes », et qui les mange : les asticots et la population locale. Il expose le piège qui se referme sur les femmes abandonnées qui se prostituent, destinées à une mort violente ou sidaïque et leur rôle dans la prolifération de la maladie. Il expose les enfants qui oublient l’horreur qui les a accueilli en sniffant les emballages de poissons après les avoir fait fondre. Enfin, il expose la radiographie du trafic auquel se livrent en réalité les avions russes qui emportent vers l’Europe la Perche du Nil de nos assiettes et en retour transportent des armes.
source :ccas
En 1954, une main anonyme introduit quelques perches du Nil pour augmenter la productivité du lac. Petit geste, grands effets. La perche du Nil, le capitaine comme on dit en Afrique, se sent très à l’aise dans ces eaux poissonneuses. En quelques années, ce redoutable carnassier taille en pièce 220 espèces de cichlidés, occupe toute la place et assure, par sa capture, une certaine prospérité industrielle. Inconnu en Tanzanie, il y a 50 ans, le filet de perche représente désormais sa première exportation vers l’Union européenne.
Mais voilà, l’écosystème du Victoria s’en trouve profondément perturbé. La disparition des poissons herbivores a entraîné la prolifération des algues et une raréfaction de l’oxygène. La carpe explose, mais le lac suffoque. Sur les rives, le fumage des poissons accélère la déforestation de la savane entraînant le lessivage des sols et des engrais agricoles. La turbidité gagne les eaux, le couvert des jacinthes achève l’asphyxe du Victoria. À ce rythme, la mort du lac est programmée d’ici 2050.
source :cncd
Dans le Cauchemar de Darwin j’ai essayé de transformer l’histoire du succès d’un poisson et le boom éphémère autour de ce « parfait » animal en une allégorie ironique et effrayante du nouvel ordre mondial. Mais la démonstration serait la même en Sierra Leone et les poissons seraient des diamants, au Honduras, ils seraient des bananes, et en Irak, au Nigeria ou en Angola... ils seraient du pétrole brut.
Hubert Sauper
source :metric