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Tremblement de terre et effondrement des droits démocratiques
Le 6 Avril 2009, à 3:32 du matin, après plusieurs mois de secousses légères, localisées et ressenties dans tous les alentours de L’Aquila, la ville (chef-lieu de la région des Abruzzes, peuplée de 73,900 habitants environ) est frappée par un tremblement de terre d’une magnitude de 5.9 Ml selon l’échelle Richter et entre le 8º et le 9º degré de destruction de l’échelle Mercalli. Le bilan final est de 308 victimes et de plus de 1.500 blessés, tandis que l’évacuation quasi totale de la ville oblige 65.000 personnes à quitter leurs maisons.
A dix huit mois du séisme le nombre de personnes évacuées est encore estimé à 47.641 ou à 55.717 si l’on ajoute les données provenant des 55 autres communes du cratère. La reconstruction du centre historique est bloquée.
Le tremblement de terre de L’Aquila, suscite encore aujourd’hui de nombreuses interrogations, qui font penser à un manque de responsabilité de la part de la Protection Civile :
• Six mois de secousses sismiques, précédant le tremblement de terre du 6 avril, n’ont pas fait intervenir la Protection Civile
• Aucun plan d’évacuation n’a été conçu
• On n’a pas jugé nécessaire d’alerter la population même lorsque la préfecture a été évacuée (le 5 avril, à minuit)
Les pleins pouvoirs dans la gestion de l’émergence ont été donnés à la Protection Civile. Les victimes du tremblement de terre ont d’abord été hébergées dans des campements de tentes militaires ou dans les hôtels de la riviera, où nombre d’entre eux résident encore aujourd’hui.
A l’intérieur des campements, pour accueillir la grande majorité des victimes du tremblement de terre, des règles de type militaire étaient en vigueur, comme l’interdiction de se réunir en assemblée, de pouvoir entrer et sortir librement des campements, etc.,
L’attitude d’intimidation des militaires a progressivement contribué à rendre l’atmosphère insupportable, en suscitant la méfiance entre réfugiés, réduits à une condition de quasi-captivité.
La protection civile a été également chargée de gérer l’accueil du G8 qui aurait dû avoir lieu en Sardaigne, sur l’Ile de la Madeleine. Les travaux du port ainsi que des structures d’accueil, qui avaient d’ailleurs déjà commencé, ont été ponctuellement interrompus à mi chemin. L’opinion publique mondiale a donc été attirée vers L’Aquila non seulement à cause du tremblement de terre mais aussi à cause de la décision prise par le Premier Ministre, Silvio Berlusconi, d’élire la ville frappée par le tremblement de terre, comme siège du G8. Cela aurait dû attirer des financements et des donations finalisés à la reconstruction, de la part des États participants au G8. Malheureusement les promesses annoncées n’ont pas été suivies et les aides ont finalement été très réduites.
La reconstruction de la ville de l’Aquila n’avance pas. Au lieu d’être à l’écoute des citoyens et de mettre en place un projet participatif pour que les habitants de la ville puissent donner leur avis sur la reconstruction, la communication avec la société civile a été interrompue ou plutôt elle n’a jamais commencé. Malgré les recommandations de la Communauté Européenne et de l’OCSE, quant à l’urgence de mettre en place des méthodes de participation citoyenne en tant que remède nécessaire pour la reconstruction, rien n’a été mis en place dans ce sens, bien au contraire. On a préféré appliquer la logique de l’assistance en missionnant quatre commissaires, dont le maire de l’Aquila, Mr Cialente, un entrepreneur Mr Cicchetti, (condamnée par la justice), le président de la région Mr Chiodi et un expert, Mr Fontana. Les clefs de la ville leurs ont été confiées leurs assurant les pleins pouvoirs ...
Suites à ces prémisses, le 13 août 2010, 809 millions d’euros environ ont été dépensés pour le projet C.A.S.E : immeubles antisismiques, durables et éco-compatibles. « Une grande belle façade » pour 14.288 personnes évacuées sur les 47.641 originaires de la seule ville de L’Aquila (moins d’un tiers de la population touchée).
Les immeubles en question sont tous identiques, parfaitement anonymes et aseptiques. Chaque appartement est exactement comme celui du voisin. Les habitants de L’Aquila ont trouvé des appartements meublés, avec même du vin mousseux dans le frigo et la télévision allumée. Le prix à payer est l’anonymat complet du lieu et la nostalgie de leur propre maison, dans laquelle ils ne savent ni quand ni si ils pourront jamais revenir un jour. Les logements de Berlusconi ne sont pas seulement anonymes ;
Ce sont également des lieux où il est impossible de se sentir chez soi. Il est en effet interdit de réaliser toute intervention ou transformation, ni même de planter un clou. De plus, une fois l’émergence terminée (quand ?) ces appartements devront être restitués à l’Etat. Pour devenir quoi ? Des logements pour les étudiants venant de l’extérieur. Le gouvernement pense donc à des milliers d’étudiants venant étudier à L’Aquila et à autant de moyens de transport, puisque les habitations peuvent même être situées jusqu’à 25 km du centre.
On ne sait pas très bien sur quoi repose l’éco-compatibilité de ces immeubles qui se découpent, horribles, sur le paysage et dont la présence frappe l’œil d’une façon peu éco-compatible.
Quant au système antisismique des structures d’habitation, celui-ci repose, ainsi que les immeubles, sur des grands pylônes. Chaque immeuble posant sur quelques pylônes comme une énorme palafitte.
Entre le pylône et l’immeuble, une plaque lisse et très coûteuse devrait garantir le glissement de l’immeuble en cas d’un éventuel tremblement de terre. Quelques détails méritent toutefois notre attention : même la poussière abime la plaque qui nécessite ainsi un entretien continuel. Tous les trois ans l’immeuble doit être entièrement soulevé et la plaque nettoyée. Le coût de l’entretien, à charge de la Commune de L’Aquila, est très élevé et les sociétés préposées ne sont pas de la région.
La deuxième particularité concerne la qualité de ces plaques Elles sont toutes recouvertes pour éviter leur endommagement. Mais l’on suspecte que les plaques n’ont jamais été testées et que, dans de nombreux cas, elles n’existent même pas, ce qui rendrait vain le système antisismique tout entier.
Outre le projet C.A.S.E., en décembre 2009 (9 mois après le séisme !), les travaux pour la construction de 500 M.A.P . (modules d’habitation provisoires) ont commencé afin de garantir la proximité entre les résidents des petits centres, tel que celui de Pescomaggiore.
Les MAP sont des habitations en bois, à deux étages, construites en un mois à peine. De manière instrumentale, le gouvernement ne parle jamais de ces modules d’habitation provisoires, dans la mesure où ceux-ci révèlent déjà, à eux seuls, l’échec du projet C.A.S.E. et celui du “miracle”, diffusé de façon propagandiste, du passage direct, sans aucune phase intermédiaire, des tentes aux appartements.
Ainsi, les habitants de L’Aquila, privés de leur logement, de leur travail, de leur quotidien, passent la plus grande partie de leur temps à essayer de se rappeler des rues, des quartiers de leur propre ville, des habitudes et gestes ainsi que de leurs compétences inexploitées.
Le fait que le gouvernement ait préféré les intérêts privés à ceux des habitants devient évident quand on pense à un aspect essentiel de la vie quotidienne comme celui de la reprise de l’activité de travail. Au séisme qui a frappé un territoire déjà en forte dépression économique à cause de la crise mondiale, se sont ajoutés 15.000 chômeurs, bénéficiant ou non d’une allocation. Des 1500 commerces de la vielle ville, environ 500 seulement ont repris leur activité, et ceci sans aucune aide de la part du gouvernement, mais à leurs frais. Penser que les travailleurs salariés ont déjà recommencé à payer leurs impôts et qu’à partir de janvier 2011 tous les habitants du cratère recommenceront à le faire, est déconcertant. Même le paiement des emprunts sur des maisons et des commerces, aujourd’hui détruits, est déjà en train de recommencer, y compris pour ceux qui ont dû faire d’autres emprunts afin de se procurer un logement (c’est-à-dire tous ceux qui n’étaient pas inclus dans le plan C.A.S.E. et qui ont dû rouvrir une activité).
En Italie, lors des seismes précédentes (le tremblement de terre en Ombrie, en 1997, et l’alluvion de la ville d’Alessandria), les habitants n’ont commencé que douze ans après à payer une somme inférieure à 50% des impôts.
Quand le 7 juillet 2010 les habitants des alentours de l’Aquila ont protesté contre le paiement des impôts, ce sont les matraques des policiers qui les ont accueillis.
L’absence d’une loi établissant des règles générales pour la reconstruction et le développement de toute la zone du cratère (qui concerne 57 communes), à la place du système d’arrêtés passé pour une stratégie de gouvernance, qui devait soi-disant simplifier les procédures mais qui en réalité a destitué, au niveau central et local, les pouvoirs démocratiquement élus, est un autre problème qui empêche la reconstruction en abandonnant les habitants au va-et-vient de normes contradictoires et fumeuses y compris pour ce qui concerne la réparation des maisons peu endommagées.
Dans ce panorama, certains réfugiés ont mis en place un projet d’auto-construction de maisons en balles de paille.
Un projet qui a recueilli nombreuses adhésions de la part du monde culturel et politique italien. Dans le projet E.V.A. (Eco-Village Auto-construit) les maisons sont réellement écologiques et antisismiques. Ce sont des maisons en balle de paille, au slogan “mieux vaut se retrousser les manches”. Les projets des maisons ont été gratuitement conçus par des architectes et leur construction a été réalisée par les habitants eux mêmes et par de nombreux volontaires.
Les habitants d’E.V.A. disent clairement qu’ils n’ont pas envie d’attendre et ils ont pris leur destin en main. Le projet n’est qu’une petite réalité, on ne parle pour le moment que de sept maisons, mais pour ce qu’il représente, il s’agit d’un projet très important. Un exemple concret de solidarité, dans la mesure où les terrains mêmes ont été donnés en droits d’usage par d’autres habitants de la région.
Le projet futur est de transformer tout le centre de Pescomaggiore, une petite ville aujourd’hui presque entièrement abandonnée, en un exemple de village écologique.
Un an après le tremblement de terre, sans aucune autre aide que celle de leurs bras et de la solidarité humaine, les habitants d’E.V.A. sont en train de voir grandir un rêve.
Aux ruines, autour desquelles il n’y a que frustration infinie, au delà de la répression délibérément effectuée par le gouvernement, ils voient s’annoncer une possibilité concrète, qui est celle de l’entraide, de faire et de rêver ensemble : ce que la ville de L’Aquila pourrait être.
Le 6 Avril 2009, à 3:32 du matin, après plusieurs mois de secousses légères, localisées et ressenties dans tous les alentours de L’Aquila, la ville (chef-lieu de la région des Abruzzes, peuplée de 73,900 habitants environ) est frappée par un tremblement de terre d’une magnitude de 5.9 Ml selon l’échelle Richter et entre le 8º et le 9º degré de destruction de l’échelle Mercalli. Le bilan final est de 308 victimes et de plus de 1.500 blessés, tandis que l’évacuation quasi totale de la ville oblige 65.000 personnes à quitter leurs maisons.
A dix huit mois du séisme le nombre de personnes évacuées est encore estimé à 47.641 ou à 55.717 si l’on ajoute les données provenant des 55 autres communes du cratère. La reconstruction du centre historique est bloquée.
Le tremblement de terre de L’Aquila, suscite encore aujourd’hui de nombreuses interrogations, qui font penser à un manque de responsabilité de la part de la Protection Civile :
• Six mois de secousses sismiques, précédant le tremblement de terre du 6 avril, n’ont pas fait intervenir la Protection Civile
• Aucun plan d’évacuation n’a été conçu
• On n’a pas jugé nécessaire d’alerter la population même lorsque la préfecture a été évacuée (le 5 avril, à minuit)
Les pleins pouvoirs dans la gestion de l’émergence ont été donnés à la Protection Civile. Les victimes du tremblement de terre ont d’abord été hébergées dans des campements de tentes militaires ou dans les hôtels de la riviera, où nombre d’entre eux résident encore aujourd’hui.
A l’intérieur des campements, pour accueillir la grande majorité des victimes du tremblement de terre, des règles de type militaire étaient en vigueur, comme l’interdiction de se réunir en assemblée, de pouvoir entrer et sortir librement des campements, etc.,
L’attitude d’intimidation des militaires a progressivement contribué à rendre l’atmosphère insupportable, en suscitant la méfiance entre réfugiés, réduits à une condition de quasi-captivité.
La protection civile a été également chargée de gérer l’accueil du G8 qui aurait dû avoir lieu en Sardaigne, sur l’Ile de la Madeleine. Les travaux du port ainsi que des structures d’accueil, qui avaient d’ailleurs déjà commencé, ont été ponctuellement interrompus à mi chemin. L’opinion publique mondiale a donc été attirée vers L’Aquila non seulement à cause du tremblement de terre mais aussi à cause de la décision prise par le Premier Ministre, Silvio Berlusconi, d’élire la ville frappée par le tremblement de terre, comme siège du G8. Cela aurait dû attirer des financements et des donations finalisés à la reconstruction, de la part des États participants au G8. Malheureusement les promesses annoncées n’ont pas été suivies et les aides ont finalement été très réduites.
La reconstruction de la ville de l’Aquila n’avance pas. Au lieu d’être à l’écoute des citoyens et de mettre en place un projet participatif pour que les habitants de la ville puissent donner leur avis sur la reconstruction, la communication avec la société civile a été interrompue ou plutôt elle n’a jamais commencé. Malgré les recommandations de la Communauté Européenne et de l’OCSE, quant à l’urgence de mettre en place des méthodes de participation citoyenne en tant que remède nécessaire pour la reconstruction, rien n’a été mis en place dans ce sens, bien au contraire. On a préféré appliquer la logique de l’assistance en missionnant quatre commissaires, dont le maire de l’Aquila, Mr Cialente, un entrepreneur Mr Cicchetti, (condamnée par la justice), le président de la région Mr Chiodi et un expert, Mr Fontana. Les clefs de la ville leurs ont été confiées leurs assurant les pleins pouvoirs ...
Suites à ces prémisses, le 13 août 2010, 809 millions d’euros environ ont été dépensés pour le projet C.A.S.E : immeubles antisismiques, durables et éco-compatibles. « Une grande belle façade » pour 14.288 personnes évacuées sur les 47.641 originaires de la seule ville de L’Aquila (moins d’un tiers de la population touchée).
Les immeubles en question sont tous identiques, parfaitement anonymes et aseptiques. Chaque appartement est exactement comme celui du voisin. Les habitants de L’Aquila ont trouvé des appartements meublés, avec même du vin mousseux dans le frigo et la télévision allumée. Le prix à payer est l’anonymat complet du lieu et la nostalgie de leur propre maison, dans laquelle ils ne savent ni quand ni si ils pourront jamais revenir un jour. Les logements de Berlusconi ne sont pas seulement anonymes ;
Ce sont également des lieux où il est impossible de se sentir chez soi. Il est en effet interdit de réaliser toute intervention ou transformation, ni même de planter un clou. De plus, une fois l’émergence terminée (quand ?) ces appartements devront être restitués à l’Etat. Pour devenir quoi ? Des logements pour les étudiants venant de l’extérieur. Le gouvernement pense donc à des milliers d’étudiants venant étudier à L’Aquila et à autant de moyens de transport, puisque les habitations peuvent même être situées jusqu’à 25 km du centre.
On ne sait pas très bien sur quoi repose l’éco-compatibilité de ces immeubles qui se découpent, horribles, sur le paysage et dont la présence frappe l’œil d’une façon peu éco-compatible.
Quant au système antisismique des structures d’habitation, celui-ci repose, ainsi que les immeubles, sur des grands pylônes. Chaque immeuble posant sur quelques pylônes comme une énorme palafitte.
Entre le pylône et l’immeuble, une plaque lisse et très coûteuse devrait garantir le glissement de l’immeuble en cas d’un éventuel tremblement de terre. Quelques détails méritent toutefois notre attention : même la poussière abime la plaque qui nécessite ainsi un entretien continuel. Tous les trois ans l’immeuble doit être entièrement soulevé et la plaque nettoyée. Le coût de l’entretien, à charge de la Commune de L’Aquila, est très élevé et les sociétés préposées ne sont pas de la région.
La deuxième particularité concerne la qualité de ces plaques Elles sont toutes recouvertes pour éviter leur endommagement. Mais l’on suspecte que les plaques n’ont jamais été testées et que, dans de nombreux cas, elles n’existent même pas, ce qui rendrait vain le système antisismique tout entier.
Outre le projet C.A.S.E., en décembre 2009 (9 mois après le séisme !), les travaux pour la construction de 500 M.A.P . (modules d’habitation provisoires) ont commencé afin de garantir la proximité entre les résidents des petits centres, tel que celui de Pescomaggiore.
Les MAP sont des habitations en bois, à deux étages, construites en un mois à peine. De manière instrumentale, le gouvernement ne parle jamais de ces modules d’habitation provisoires, dans la mesure où ceux-ci révèlent déjà, à eux seuls, l’échec du projet C.A.S.E. et celui du “miracle”, diffusé de façon propagandiste, du passage direct, sans aucune phase intermédiaire, des tentes aux appartements.
Ainsi, les habitants de L’Aquila, privés de leur logement, de leur travail, de leur quotidien, passent la plus grande partie de leur temps à essayer de se rappeler des rues, des quartiers de leur propre ville, des habitudes et gestes ainsi que de leurs compétences inexploitées.
Le fait que le gouvernement ait préféré les intérêts privés à ceux des habitants devient évident quand on pense à un aspect essentiel de la vie quotidienne comme celui de la reprise de l’activité de travail. Au séisme qui a frappé un territoire déjà en forte dépression économique à cause de la crise mondiale, se sont ajoutés 15.000 chômeurs, bénéficiant ou non d’une allocation. Des 1500 commerces de la vielle ville, environ 500 seulement ont repris leur activité, et ceci sans aucune aide de la part du gouvernement, mais à leurs frais. Penser que les travailleurs salariés ont déjà recommencé à payer leurs impôts et qu’à partir de janvier 2011 tous les habitants du cratère recommenceront à le faire, est déconcertant. Même le paiement des emprunts sur des maisons et des commerces, aujourd’hui détruits, est déjà en train de recommencer, y compris pour ceux qui ont dû faire d’autres emprunts afin de se procurer un logement (c’est-à-dire tous ceux qui n’étaient pas inclus dans le plan C.A.S.E. et qui ont dû rouvrir une activité).
En Italie, lors des seismes précédentes (le tremblement de terre en Ombrie, en 1997, et l’alluvion de la ville d’Alessandria), les habitants n’ont commencé que douze ans après à payer une somme inférieure à 50% des impôts.
Quand le 7 juillet 2010 les habitants des alentours de l’Aquila ont protesté contre le paiement des impôts, ce sont les matraques des policiers qui les ont accueillis.
L’absence d’une loi établissant des règles générales pour la reconstruction et le développement de toute la zone du cratère (qui concerne 57 communes), à la place du système d’arrêtés passé pour une stratégie de gouvernance, qui devait soi-disant simplifier les procédures mais qui en réalité a destitué, au niveau central et local, les pouvoirs démocratiquement élus, est un autre problème qui empêche la reconstruction en abandonnant les habitants au va-et-vient de normes contradictoires et fumeuses y compris pour ce qui concerne la réparation des maisons peu endommagées.
Dans ce panorama, certains réfugiés ont mis en place un projet d’auto-construction de maisons en balles de paille.
Un projet qui a recueilli nombreuses adhésions de la part du monde culturel et politique italien. Dans le projet E.V.A. (Eco-Village Auto-construit) les maisons sont réellement écologiques et antisismiques. Ce sont des maisons en balle de paille, au slogan “mieux vaut se retrousser les manches”. Les projets des maisons ont été gratuitement conçus par des architectes et leur construction a été réalisée par les habitants eux mêmes et par de nombreux volontaires.
Les habitants d’E.V.A. disent clairement qu’ils n’ont pas envie d’attendre et ils ont pris leur destin en main. Le projet n’est qu’une petite réalité, on ne parle pour le moment que de sept maisons, mais pour ce qu’il représente, il s’agit d’un projet très important. Un exemple concret de solidarité, dans la mesure où les terrains mêmes ont été donnés en droits d’usage par d’autres habitants de la région.
Le projet futur est de transformer tout le centre de Pescomaggiore, une petite ville aujourd’hui presque entièrement abandonnée, en un exemple de village écologique.
Un an après le tremblement de terre, sans aucune autre aide que celle de leurs bras et de la solidarité humaine, les habitants d’E.V.A. sont en train de voir grandir un rêve.
Aux ruines, autour desquelles il n’y a que frustration infinie, au delà de la répression délibérément effectuée par le gouvernement, ils voient s’annoncer une possibilité concrète, qui est celle de l’entraide, de faire et de rêver ensemble : ce que la ville de L’Aquila pourrait être.